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Victorien Soufflet

Victorien Soufflet

© Victorien Soufflet , Mothers ascendands cies and descendants

La pratique de Victorien Soufflet se compose de sculpture, peinture, texte, installation et édition. Son travail traite des moyens de subsistance artistique, et de la déconstruction des binarismes et des essentialismes(1) associés à un système politique basé sur une forme de référence hétérocentrique. Les dispositifs normatifs de contrôle et de production des subjectivités et de la matière sont abordés depuis une expérience située de la transitude et des stratégies de réappropriation de la notion de reproduction.

Victorien Soufflet poursuit une réflexion autour de ces problématiques en situant ses pièces au seuil des espaces personnels ou publiques, afin d’engager une réflexion sur la mise en scène de l’intimité. Sa première formation en design, intervient dans son approche plastique abordant les normes de genres, telles qu’elles s’appliquent dans un contexte social ainsi que dans les formes artistiques, de fait, souvent étroitement liées au design. Les objets domestiques sont dès lors questionnés dans leurs dimensions standardisées liées à leur conception et à leur représentation, réappropriés par l’artiste de manière positive et non assignés à un genre. 

La pratique de sculpture et de peinture de Victorien Soufflet s’inscrit dans une dimension symbolique et affective attribuées aux objets, qu’elle tend, par ses gestes à désacraliser via le recyclages d’effets personnels usés, réemployés en tant que matériaux de travail, réinjectés dans une économie. Différents objets personnels et domestiques, tel que l’archétype d’un lit épuisé, son lit, scindé de manière longitudinale et fragmenté en trois, dans l’espace d’exposition en collaboration avec l’architecture Hugo Soucaze Caussade fait l’objet d’un « détournement » du budget d’exposition alloué(2). Ce recours permet à l’artiste de s’acheter un nouveau lit et, par ses tentatives d’incursions dans l’émancipation financière, d’améliorer ses conditions matérielles alors précaires.

Cette circulation dissémine l’approche d’un travail lié aux stratégies de la critique institutionnelle. Si la trame narrative principale de sa pratique repose sur la condition de l’artiste, ses recherches, tout en passant par l’interrogation des archétypes, intensifient un rapport autobiographique à l’objet intime, sorti de son contexte initial et transformé en matériau. Des objets domestiques, tels que des ustensiles de cuisine et du linge de lit transmis par sa mère et ses grands-mères, sont réinvestis en tant que supports artistiques, recouvrant une multiplicité de sens, sémantiques et économiques. Peinture et sculpture, par leur jeu formel incarnent des processus d’identification et de désidentification, tout en soulevant à travers leur exposition, des préoccupations liées à l’économie artistique.

Artiste et chercheuse, son travail plastique s’accompagne d’un travail d’écriture et d’édition prenant place dans le cadre de ses expositions. Le reader collectif Oh Man Give Up on Being a Man Man (2020), présenté lors de sa première exposition personnelle à l’espace indépendant Keur (Paris, 20ème arrondissement, dates 2020-2022), entre pièce et document annexe de l’exposition, documente l’exposition et sa périphérie de manière kaléidoscopique et non linéaire.

* Texte écrit pour l’AIC - Drac Île-de-France

(1) Propos de l’artiste

(2) Exposition « Daybeds, day dream, they have non reproductive desires », 2020, Keur, Paris, 20ème arrondissement.